8.24.2008

road trip 2.3

J'arrive malgré les intempéries à progresser vers ma destination prévue. Sakata, Shinjo en "wanman train" les mini trains de montagne, qui passe son temps à klaxonner des fois qu'il y aurait quelqu'un sur la voie, j'imagine, puis Yamagata. Le ciel s'est un peu dégagé, il ne pleut plus mais il commence à faire bien froid. C'est la fin de l'été et c'est le Nord du pays. La soirée se terminera bien agréablement devant un énorme bol de tofu, accompagnés d'edamame, frites et jus de fruits.

Le lendemain je décide de rayonner depuis la ville pour voir plusieurs lieux intéressants. Pour commencer, le lac Okama, caldera bleu vif superbe d'après le Planète Solitaire. Mais apparemment je ne suis pas très réveillée puisque 1. je me rends compte après quelques minutes que je suis dans le mauvais bus, 2. je me rends compte à mon arrivée qu'en fait je l'ai déjà vu, ce lac - en Octobre, lors d'un passage par Sendai. Enfin vu c'est un bien grand mot, j'avais vu le brouillard au dessus du lac, surtout. Et le temps n'étant pas franchement meilleur, j'abandonne l'idée d'enchaîner correspondances et heures de bus et je reste là où je suis, à Zaô Onsen. Je me ballade quelques heures, il bruine et il fait froid, mais ça n'a aucune importance car nous sommes dans une ville d'onsens: a chaque coin de rue on trouve un bain public pour 200 yens. J'en trouve un au sommet de la montagne, dans une petite baraque en bois, inoccupé pour le moment. L'odeur est la même que lors de ma dernière visite, aussi. L'eau est chargée en soufre et forme un dépôt blanchâtre opaque sur les parois du bassin, et charge mes vêtements d'une drôle d'odeur de fumée. Une fois qu'on a réussi à entrer dans le bain brûlant et à y rester quelques minutes, on a tellement accumulé de chaleur on peut repartir sans être incommodé par le sale temps et avec la peau qui fume. Pratique!

L'après midi, je profite d'une heure d'attente pour mon train pour réserver le transport de mon dernier voyage, la semaine prochaine (histoire de rentabiliser mon visa jusqu'au bout) puis je pars vers Yamadera, à 15 minutes en train. C'est un complexe de temples bâtis sur le flanc de la montagne, perchés sur les petites corniches qui dépassent de la végétation. Ca commence par beaucoup d'escaliers, sous les arbres, autour desquels on aperçoit des Bouddahs en élégants tabliers éparpillés autour des marches. L'escalade est raide et épuisante, mais une fois sorti de la végétation, la vue est saisissante. Les occasionnelles bourrasques de vent qui surprennent les visiteurs en haut de leurs falaises rajoutent au spectacle. Le complexe est très éparpillé et je crois avoir raté quelques bifurcations et avoir raté quelques temples secondaires. Une fois redesendue j'aimerais avoir un onsen, ici aussi, pour me remettre du vent glaçant. Je me contenterai d'une douche chaude avant de me coucher.

Samedi matin, je réfléchis à mes options. Je dois me présenter au travail Lundi, déménager Mardi, avoir fini un certain nombre de rapports et questionnaires avant ça. Il me reste 2 jours sur mon billet de trains locaux. Je suis tentée de pousser jusqu'à Niigata - je peux faire ce trajet en moins d'une journée, par contre ca sera plus difficile pour rentrer. Equipée de mon grand livre de toutes les lignes de train du Japon et d'un calculateur de trajets, je cherche les différentes possibilités. Finalement, je décide de retourner chez moi ce soir... Le trajet se décidera, comme d'habitude, sur le premier train disponible. Ce sera Sendai, puis la côte Pacifique. Trois changements plus tard, il fait nuit noire. Retour à la maison. Continue

8.22.2008

road trip 2.2

En allant me coucher a Akita, j'etais encore incertaine de mon programme du lendemain. Peut-etre faire une boucle supplementaire au nord du pays? Ou visiter la peninsule proche de la ville? Un coup d'oeil sur mon calculateur de trajet de trains preferes a vite recadre mes options. La peninsule semble etre comme toutes ses camarades Japonaises, quasi-inaccessible, et faire la moitie de ma boucle me prendrait environ dix heures.... bon.

Cap vers le Sud, donc. Idee: longer la cote jusqu'a Sakata, bifurquer a l'ouest vers Shinjo, puis prendre au sud jusqu'a Yamagata. Paysage prevu: mer et montagnes, tres bien.

C'etait sans compter sur le fait que la pluie m'en voulait de lui avoir echappe la veille. Le paysage fut rapidement: buee. Puis les arrets dans chaque gare se firent de plus en longs, les annonces micro de plus en plus frequentes. Je n'ai pas fait tres attention, j'ai le temps, j'ai un bouquin... Et puis l'un des arrets devint significativement plus long que les autres - meme moi je le remarque. Les quelques passagers du train ont l'air exasperes, certains sortent sur le quai fumer une cigarette, et meme pas dans les zones fumeurs. Un controleur passe de voiture en voiture demander aux passagers ou ils avaient l'intention d'aller et note le tout sur son calepin. Ca m'a l'air louche. Au bout d'un certain temps, les employes de gare a l'air contrarie se rassemblent devant nous pour saluer et faire leurs plates excuses. Le reseau est impraticable pour cause de pluie, et pour se faire pardonner ils nous paient le taxi jusqu'a notre destination finale.

Je n'ai aucune intention de me faire conduire jusqu'a Yamagata, j'aime le train mais pas trop la voiture, et puis c'est franchement loin. J'estime avoir de bonnes chances de pouvoir repartir si je m'eloigne de la cote, et integre le taxi qui va jusqu'a Sakata, ou j'espere attrapper une correspondance dans la montagne.

Une fois sur la route, on se rend compte que la "pluie" n'a pas rendu impraticable que les voies ferrees, mais aussi une bonne partie des voies rapides. "Pluie", c'est un euphemisme japonais pour inondation, apparemment. Les bonhommes en vestes reflechissantes sont partour le long des routes, a poser des sacs de sable et... pmper? Qu'est ce que tu veux faire contre 5 cm de precipitations en une heure? Une bonne heure de trajet plus tard (20.000 yens, heureurement que c'est JR qui paie) je suis au sec dans une gare ou certains trains marchent (YES!) et j'appelle Wally pour qu'il me lise ce que dit la meteo, en vrai. Et c'est pire que ce que je croyais: JMA donne une alerte de Aomori jusqu'a Hitachi, en gros. La moitie nord du pays est submergee, super.

Mais contre toute attente, je reussirai a rejoindre ma destination ce soir. On croise une multitude de bonhommes en fluo le long de la voie ferree, qui saluent notre train, du genre ah, on reconnait les braves. Continue

8.21.2008

road trip 2.1

Pas de wanko soba, pour finir, mais des JaJa Udon, nouilles chaudes mais sans bouillon, accompagnees de pate de wasabi, de nori et d'une multitude d'alumettes ou de rondelles de legumes divers, manges en discutant avec ma voisine Tokyoite.

Le trajet prevu pour le lendemain est court sur la carte. Apres un depart sous la bruine et 30 minutes de train, je m'arrete au lac Tazawako. Lorsque je sors de la gare pour trouver un casier ou laisser mon sac a dos, la bruine se transforme en douche. Le temps de courir jusqu'a mon arret de bus et je suis aussi mouillee qu'apres la descente du mont Asahidake. Hum. C'est bien parti pour passer une journee autour d'un lac.

Pendant le trajet en bus, pourtant, la pluie se calme. Le ciel reste couvert et l'air humide, mais je peux marcher dehors sans avoir envie de courir vers un abri. Sur le bord du lac, le loueur de velos refuse de me louer un velo, pour cause de mauvais temps. Comme je n'arrive pas a trouver d'equivalent Japonais a "ho c'est bon, je suis Lilloise", je laisse tomber et pars a pieds. Le lac est immense, je marche parfois le long de la rive, parfois plus haut dans la foret des reliefs avoisinants. L'air bordonne de libellules, on entend le son du ressac, les nuages s'ecartent. Deux heures et quelques coups de soleil plus tard, j'ai fait demi tour mais le loueur de velos est toujours ferme. Tant pis pour lui.

Apres dejeuner et consultation des horaires de bus, il est un peu tard pour parcourir l'autre rive a pied, alors j'opte pour la traversee en bateau. Moins de foret, mais plus de points interessants vus plus vite, et une vue imprenable sur les eaux bleu profond du lac qui ne gele jamais. C'est aussi le lac le plus profond du pays, alors il n'est pas improbable que le fond touche une zone magmatique - ceci expliquerait cela.

Le lac est loin de tout, pris dans la montagne, mon telephone alterne depuis quelques heures entre les infos "message en cours de reception" et "impossible de recevoir - reessayer plus tard". Il faudra retourner vers la gare pour avoir de nouveau un reseau stable - pour le Japon ca en dit long.

La pluie se remet a tomber doucement quand je monte dans le train. Ha! Je prends plein Ouest vers Akita, mais le trajet presente peu d'interet. Beaucoup de villages plats et de rizieres, beaucoup de lyceens qui montent au fur et a mesure, on dirait une longue banlieue pour la petite capitale de la prefecture. La pluie strie les vitres, qui se couvrent de buee sur leur face interieure. Je reste absorbee dans mon livre du moment jusqu'au terminus, vers 7 heures ce soir. J'espere trouver une librairie internationale a Akita, sinon je risque de m'ennuyer le reste de la semaine Continue

8.19.2008

road trip 2.0

(notez: Pour mieux comprendre les quelques billets suivants, une carte detaillee du Japon est recommandee. Si elle comporte les lignes de train c'est encore mieux. Celle qui est linkee a gauche est un bon debut)

C'est la version estivale, toute seule, et au nord, du voyage en trains locaux teste en Decembre. Apres 5 jours passes a Asakidake, Hokkaido (d'autres qui ont deja mis les photos en ligne se chargeront de raconter), apres avoir constate que la saison des fleurs celebres a Furano et Biei, c'est fini, et apres avoir mis Wally sur le chemin de l'aeroport, je suis montee dans un train local en direction du Sud.

Quelques heures et quelques changements plus tard, je me rapproche de Sapporo. Wally m'appelle pour me poser des questions sur un itineraire Sapporo Osaka.

"Ben pour quoi faire?"

"J'ai, euh, rate mon avion. J'ai confondu l'heure du depart avec une heure qui n'a rien a voir et mon avion a decolle il y a, euh, 5 heures."

J'interroge les monsieurs de chez JR, nous calculons prix et temps de trajet et concluons qu'il vaut mieux que Wally prenne le meme train de nuit que moi pour rejoindre Honshu puis passe au Shinkansen pendant que je prendrai les petites lignes. Le temps d'arriver a cette conclusion et une place dans un vol vers Tokyo s'est liberee a la derniere minute. Tant mieux car, entre temps, j'ai rejoint Sapporo et il est clair que je ne monterai pas dans le train de nuit ce soir.

Arrivee une heure en avance pour m'assurer une place assise (...ca vaut mieux si on compte dormir) je trouve sur mon quai une quarantaine de personnes faisant la queue devant chaque marque au sol indiquant une porte de train. La plupart ont prevu les sandwiches, couvertures et fauteuils pliants, bref, une heure a l'avance meme pas en reve.

C'est donc le lendemain, apres une journee tranquille dans la capitale Japonaise de la biere (ou, pour une raison qui m'echappe, je ne trouve que des degustations de the vert), que je rejoins Aomori, tout au Nord de Honshu. Maintenant, Sud-Est ou Sud-Ouest? Il n'est pas 6h, j'ai le cerveau embrume, je prends le premier local qui se presente. Sud-Est, donc. Peut etre serait il possible de passer quelques heures dans la peninsule desolee du Nord-Est d'Honshu? Arrivee a Noheji, mon changement, je consulte les horaires. Il est 7 heures et quelques. La prochaine correspondance est a 15:56. Pas d'indication des trains retour. Le Lonely Planet suggere d'"aporter ses propres provisions car les commerces sont rares!" Hou la. Je fais un U turn au pas de course et rattrappe mon train initial. Ce sera donc finalement Hachinohe, ou il est hors de question que je prenne le Shinkansen, le but etant d'aller lentement, et ou il serait stupide de faire demi tour. Puis Same. Puis Kuji. Puis une ligne privee touristique, le long du Pacifique, jusqu'a Miyoka.

Miyoka, ou les correspondances espacees me laissent enfin le temps de manger autre chose que des noix de cajou et autres bananes tirees de mon sac a dos. Un petit Sushi-ya me prepare une variete impressionnante de sushi aux algues, a cote de l'eternel Kappa (maki concombre) bien charge en wasabi ("wasabi ok?" "hai mochiron!"...) et d'une soupe miso claire ou flottent champignons et tofu. En buvant mon the vert, je regarde le Japon se faire mettre une raclee par le Bresil en volley ball. Je crois.

Je bifurque maintenant plein Ouest, dans le but de passer la nuit a Morioka. Le train minuscule est plein de francais pour une raison qui m'echappe. Des qu'on quitte la cote, les paysages sont epoustouflants. Des montagnes, des vraies, raides, grandes, vertes et pleines de relief. Des vallees profondes ou notre train longe une riviere, et ou il y a a peine la place pour une rangee de maisons, parfois une petite riziere, avant que la pente ne soit trop abrupte. Je pense a quel point ce decor doit etre beau sous la neige. Je pense a Wally, il aurait adore voir ca. Les photos sur mon keitai ne font pas vraiment justice au paysage qui defile, et de toutes facons, je suis maintenant trop loin de la ville, trop profond dans les reliefs pour avoir une reception correcte.

Puis les pentes se font plus douces, les rizieres plus larges, les maisons plus nombreuses et on arrive gentiment a Morioka, la petite capitale de la prefecture. On m'a conseille d'y gouter les Wanko-Soba, nouilles de sarasin dont la particularite est d'etre servis bouchee par bouchee, avec une serveuse a cote de vous qui vous remplit votre bol systematiquement. Mais a 18:30, il pleut.

On verra dans 30 minutes si j'oserai les chercher sous la pluie ou si ma nuit tres breve, tres hachee, aura raison de moi avant. Continue

8.12.2008

Le sac à dos est plein à craquer. Les cartes, guides et billets de train sont à portée de main. Le ravissant uniforme vert d'eau est en train de sécher, sorti direct de la machine.

J'ai hâte de profiter des quelques heures de train à venir pour dormir et récupérer des 2 dernières semaines où on a casé un million de fêtes de départ, toutes les activités qu'on voulait faire depuis longtemps mais dont on n'avait pas encore trouvé le temps. Pour se reposer aussi de la grande fête de départ en vacances de la grande entreprise, qui ne lésine pas sur les moyens pour suggérer à ses employés de se reposer. Une heure de feux d'artifices et un long speech de mon big boss le plus chelou du monde - à part le fait qu'il se congratule de son choix de stagiaire et que je suis "very excellent" j'ai pas compris grand chose, et les natifs non plus.

L'appartement est récuré à fond. 2 gros cartons sont partis par bateau, mes épaules douloureuses se souviennent bien de leur trajet jusqu'à la poste. La valise est bouclée et rangée dans un placard, attendant le jour où je viendrai rendre les clés.
Je me suis levée à pas d'heure pour vérifier que mon frigo est bien dégivré (il va être récupérer dans une heure) et que la vaisselle ne va pas moisir en mon absence.

Dans le couloir, un grand cageot posé sur une table basse, plein de boites de conserves et autres paquets de pâtes, avec une note "gratuit, servez vous (ça vaut aussi pour la table)"

Départ dans deux heures. Arrivée à 14h, dans un endroit bien plus frais.



On espère y voir des fleurs, des montagnes, pas trop y manger accidentellement de baleine ni d'ours. On aurait aimé aller jusque là où la Russie est visible. On se contentera de la survoler dans le vol Narita-Paris.

Et pendant que l'amoureux, qui lui n'a pas fini ses compte-rendus, réunions et autres Point Puissance, retournera s'asseoir dans son labo, je profiterai des offres bizarres de ma compagnie de train préféré pour rentrer doucement, tout doucement, par les toutes petites lignes du Nord de Honshu. Un peu comme cet hiver, la neige en moins.

En attendant, je vais racler mes fonds de placard dans l'espoir de trouver quelque chose qu'on puisse considérer un petit déjeuner. A bientôt. Continue

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