7.27.2007

L'odeur des pins

Quand on s'apprête à mettre sa vie française en pause pour un an, on n'a pas vraiment de raisons de commencer de grands projets. Cet été se compose donc de 3 "activités" principales : prendre des vacances au soleil, les premières depuis 4 ans, revoir ce que j'ai déjà appris de Japonais, et attendre. Attendre que les démarches administratives suivent leur cours, attendre que se rapproche le jour du décollage.

Depuis une semaine mes journées suivent ainsi une routine sans remous.

Réveil. Muesli-pêches-jus d'orange au bord de la piscine. Révisions des leçons de la veille en caressant un chat plein d'indifférence. Ballades.
Déjeuner (le grand jeu de l'été consistant à jouer à la roulette russe avec les piments du jardin, car les plants n'ont pas été étiquetés et certains portent des piments d'Espelette, doux, les autres des piments de Cayenne, carrément plus méchants. Ca met un peu de piquant dans le quotidien).
A l'ombre, en compagnie de ma théière et de ma crème indice 40, travail d'une nouvelle leçon : listes de vocabulaire, règles de grammaires, lignes d'écriture. Je réponds à voix haute aux pages d'exercices face à un chat que ça n'intéresse visiblement pas.
A partir de 16 heures, baignade et lecture sous le soleil qui décline. J'ai la chance d'avoir une soeur prévoyante qui ne quitte pas sa chambre sans emporter de la lecture pour plusieurs semaines, et qui en l'occurence
m'a prêté du Terry Pratchett. Je glousse sur mon transat' face à un chat qui n'en a apparemment rien à faire.
Et puis douche, dîner, internet.

Parfois je ferme les yeux et je respire les pins chauffés au soleil, la lavande et la note lointaine d'un eucalyptus. Parfois, coincés entre les pages de mon manuel de Japonais, je retrouve un ticket de caisse de WalMart ou un petit mot d'une amie - I went to the library, I'll grab something to eat on the way. See you there!

Je pourrais alors me croire il y a deux ans, pendant mon été Californien. C'est vrai que je n'avais pas ré-ouvert ces livres depuis le long hiver où j'attendais que l'Homme de l'Est me rappelle. C'est vrai que je n'avais pas senti l'odeur de la résine pendant ces 2 dernières années.

Avec ma manie des allers et retours aux quatre coins du monde, j'ai l'habitude de mettre ma vie en pause. Mais cette fois-ci est venue s'ajouter à l'attente l'impression bizarre d'être un bateau sans amarres. Je pourrais en avoir le vertige, mais c'est simplement étrange. Avec la fin de mon adolescence est survenu un brusque basculement de mon système de valeurs, de mes repères, de ma façon de voir le monde. Alors oui, Palo Alto 2005, ça pourrait être maintenant, mais c'est aussi tellement loin. Retrouver ce qu'a été ma vie jusqu'à présent me donne la même sensation mi-nostalgique, mi-amusée que relire un journal intime tenu à 12 ans ou une nouvelle trash écrite à 16. Ca a été moi, ca n'est plus moi.

Les gens me demandent ce qui va me manquer de la France et j'ai bien du mal à leur répondre. Ceux que j'aime sont éparpillés, il y en a toujours quelques-uns qui me manquent, où que je sois. Du fromage, du saucisson je ne saurais pas quoi faire. La musique, ce qui n'est pas sur mon disque dur est dans ma tête. A une époque j'aurais souffert de n'avoir mis dans ma valise ni Beigbeder, ni Despentes - et je découvrais alors Bret Easton Ellis, Joan Carol Oates ou Ryû Murakami. Mais je suis aujourd'hui à un moment plus tranquille et plus serein, et n'ai pas encore trouvé de quoi me mettre sous ma nouvelle dent de lectrice (ceux qui sont tentés de répondre Marc Levy iront s'expliquer avec Gwendoline!) Même si je suis bien contente de savoir enfin qu'on peut se voir d'un regard critique sans en mourir dans l'instant, et de m'être désencombrée d'un tas de choses inutiles, je suis un peu désemparée devant l'étendue des possibilités devant moi. Qui suis-je, puisque je me suis débarassée de tout ce qui me définissait il y a quelques années? Ce qu'il reste, sans doute. Des souvenirs, des amis, quelques mots, de la musique. Des odeurs.
Le reste, j'ai encore bien 60 ans - moyenne nationale - pour le découvrir.

Japon moins 5 semaines.

Ce soir je vais à l'opéra. Continue

7.24.2007

so now, what?

Celui qui est dans mes pensées depuis mes 13 ans, celui qui partage mes nuits et mes jours depuis samedi est dans mon lit, tout contre moi. Je jette un regard au champ de bataille : les couvertures et les oreillers ont volés sous l'effet de l'excitation, quelques mouchoirs trempés de larmes sont éparpillés à terre. Mon portable est sur la table de chevet : il est 3 heures du matin. J'ai beau avoir essayé de garder mes distances pour faire durer le plaisir, je me suis emportée ce soir et ne l'ai plus lâché.

A côté de mon portable, la boîte de Doliprane qui m'a aidé à supporter l'intensité de ces dernières heures. Trop de rires, trop de larmes, trop d'attente, trop d'émotions. Je me lève pour aller boire un verre d'eau : j'ai mal au crâne et je suis déshydratée. Je suis envahie de sentiments confus et surtout épuisée.

De retour dans la chambre, je n'ai qu'une envie, sauter sur mon téléphone, faire chauffer mon wifi, partager ce que je viens d'apprendre, mais ce serait tellement cruel! Je m'endors avec le livre sous l'oreiller.

Ca y est, Harry Potter est bel et bien fini. Les quelques milliers de pages de la série pourront, et seront relues, mais ce n'est jamais pareil que la première fois.

*** et parce que certaines choses sont trop cool pour ne pas être partagées [spoiler free] ***

Draco and the Malfoys et leur fabuleuse chanson My Dad is rich, your Dad is dead. J'aime. Continue

7.19.2007

Terrasses


L'été se décide enfin à s'installer et avec lui apparaissent enfin les après-midi terrasses. Mon café de prédilection est au soleil, à l'abri du vent, loin des voitures et sa carte propose 7 thés différents.

Assise confortablement, un livre pour alibi, cahier et crayon devant moi, je dispose de 4 heures de divertissements pour la modique somme de 3€20.



Un homme qui raconte à une femme ses relations conflictuelles avec sa fille. Elle lui a demandé d'expliquer la différence entre "l'amour de sa vie" et "la femme de sa vie". Il donne l'exemple d'un ami qui a les deux, mais pas dans la même personne.

Un garçon en T-shirt noir qui parle à une Japonaise en rose. Ils alternent entre Français et Japonais jusqu'à ce que l'amie de la fille arrive.

Un groupe de jeunes qui fument en buvant des bières. L'un des garçons engueule calmementau téléphone une fille qui ne trouve pas son chemin. Elle arrive et raconte qu'elle a vu des soldes exceptionnelles mais n'avait pas assez d'argent.



Un couple de Dijonnais qui échangent quelques minutes à surveiller mes affaires contre des conseils touristiques.

Deux hommes à lunettes, cheveux courts et boucs. Le plus bavard des deux porte du vernis à ongles noir et parle avec enthousiasme d'une partie de jeu de rôle.

Une femme seule, entre deux âges, élégante, qui boit une Leffe pression. Elle fait tomber son sac, cassant la bouteille de vin blanc qui s'y trouvait.



L'homme dont la fille veut aussi savoir la différence entre "aimer" et "être amoureux" ne voit aucun problème à passer 30 minutes au téléphone, alors que son interlocutrice attend.

Les nipponophones sont très bavards et partiront après moi.

Le vent se lève. J'échange quelques textos, quelques appels. Le beffroi sonne régulièrement.


***Et aussi***

Vous n'entendrez plus parler de moi jusqu'à ce que je sache si mes théories se confirment et que Harry est effectivement un Horcrux (sérieusement, personne ne sait lire une prophétie ou quoi???) Continue

7.17.2007

Les conseils avisés du jour

1- Après une douche pleine de vapeur, éviter d'utiliser du dissolvant à ongles dans une salle de bains sans aération.

2- Quand on mixe une préparation à base d'oignons, éviter de se pencher au dessus du bol du mixer.

Vos muqueuses vous diront merci. Continue

7.16.2007



De retour de Bruxelles, mon netvibes m'apporte des choses déicieuses. Du coup, à 10 000 kilomètres d'elle, je bois le même thé, huit heures plus tard.

Entre temps, il y a eu des rencontres, nombreuses. Moins de 48 heures pour faire connaissance avec les 40 personnes qui partageront ma vie dans quelques semaines. L'occasion de vérifier que bien que toujours introvertie (j'ai dormi comme une souche à mon retour), j'ai bien progressé à l'exercice du mingling imposé. Bien au delà de mes espérances même, si j'en crois certains compliments innatendus. Heureusement qu'on n'y voyait pas grand chose, car je devais rougir plus que de raison.

Il y a eu de la pluie, du vent, du soleil. Il y a eu des restaurants de fruits de mer, et un coming-out discret de mon végétarisme. Il y a eu des bières et des gaufres sous couvert d'alibi culturel.

Il y a eu un Eurostar en retard, un Eurostar raté et un troisième qui a failli l'être. Il y a eu une excursion imprévue un peu plus au nord et des moments très agréables.
Il n'y a eu aucun regret d'avoir oublié mon carnet de voyages, parce que j'aurais eu bien peu de temps pour mes crayons. Alors je me rattrape à mon retour et je noircis des pages de papier, des pages virtuelles et j'aimerais que les 6 semaines à venir passent un peu plus vite! Continue

7.15.2007

lexique franco-japonais, part 2

Suite du quizz franco-japonais, qui ne requiert toujours pas beaucoup de kanjis ou de prononciations compliquées. Ca tombe bien pour ceux qui ne parlent pas un mot de japonais - à part tatami, yoga et spicy tuna roll... ah non pas celui-là - et qui pensaient s'en tirer lors d'un hypothétique voyage au Japon par leurs talents de mime... Well, think again.

Part 2 : langage corporel. Autrement dit : mais qu'est-ce que ce Japonais me veut???


1- L'avant-bras tendu vers l'interlocuteur, paume vers le bas, il agite à plusieurs reprises la main vers lui.

2- Les index croisés (ou les mains, ou les avant-bras selon l'intensité de la chose) levés à hauteur de la poitrine. Il peut accompagner ce geste d'un petit gémissement (mmmh), d'une tête penchée et d'yeux de cocker.

3- Il lève une main dont il a replié le pouce et l'index.

4- Il lève une main, doigts tendus et serrés, devant laquelle il dresse l'index de l'autre main.

5- Il pointe l'index vers son nez.

(Plus difficile maintenant!)

6- Il lève une main en creuset, paume vers le haut, dans laquelle il fait tourner son poing fermé. Il peut accompagner ce geste d'un petit sourire sardonique.

7- Il fait glisser rapidement et à plusieurs reprises dans sa main, tendue paume vers le haut, deux doigts de l'autre main en direction de l'interlocuteur. Il n'a pas l'air content.

Bon courage avec ça... Continue

7.10.2007

lexique franco-japonais, part 1

C'est l'été, vos amis sont partis en vacances, il fait moche et vous vous ennuyez, vous avez fini toutes les pages jeux du Super Picsou Mag, votre Netvibes ne donne pas signe de vie... Pour vous distraire un peu, je vous propose une nouvelle série de posts-jeux sur le Japonais.

Rien de bien compliqué, il ne sera question ni de grammaire étrangère, de listes de vocabulaire à apprendre ou de caractères impossibles à distinguer par le néophyte. Non, vous allez tenter de comprendre tout ce qui est presque transparent mais pas vraiment.

Partie 1 : les smileys

Devinez, ou trouvez l'équivalent, des smileys suivants :

1. (^__^)

2. (-__-)

3. (-__-') ou (-__-;)

4. (T___T) ou (TT___TT)

5. m(_ _)m (très Japonais!!)

6. (>__<)

7. p(^__^)q

8. (^__^)//

9. (^__^)V

10. (^3^)~~*

***Info bonus de bas de post***

Pas de nouvelles avant ce week-end, en attendant je m'en vais à Bruxelles rencontrer mes petits camarades de Vulcanus! Yay!

A mon retour, la suite du quizz-lexique et une compil' de requêtes Google parce qu'en ce moment c'est la folie furieuse des gens qui arrivent ici n'importe comment.

Ne faites pas trop de bêtises en mon absence! Continue

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