1.15.2007

ballade au bout du monde

C'était il y a dix jours. On s'est dit : et si on s'en allait? Pour moins de 5 ringgits on est allées jusqu'au bout de la ligne du train de banlieue. Passées entre les tours de verre et de béton du centre de KL, l'agitation sans horaires des quartiers des bars et des malls, puis au dessus de routes plus calmes, plus proches de l'idée que se fait de la Malaisie celui qui n'y a jamais posé les pieds. Chemins de terres, maisons colorées, palmiers. Temples chinois, temples indiens, mosquées dont les chants diffusés aux hauts-parleurs glissent sur les vitres de notre wagon.
Vertes les plantes, rouges les temples, ocre la poussière.

Le train se vide petit à petit de ses passagers. Près de la porte du fond, un groupe de jeunes Malais nous observent. Derrière, une Chinoise court vêtue a de la musique très forte qui lui sort des écouteurs. De l'autre côté de l'allée, une Malaise voilée regarde ses pieds.

Terminus : Port Klang. Tout le monde descend. La chaleur nous est retombée dessus, ainsi que les chauffeurs de taxi aux prix stupides dont on se demandent bien ce qu'ils viennent foutre là. On marche parmi les vendeurs de nourritures frites en tout genre, jusqu'à l'embarcadaire. Les enfants jouent sur les digues, les bateaux de pêcheurs traînent sur le sable : c'est marée basse.

Après un petit quart d'heure, une navette surclimatisée (toujours) qui diffuse à plein pot du karaoké chinois (tout un programme...) nous emmène un peu plus loin, sur l'île aux crabes. Des petits crabes qui se démènent sur le sable humide, qui font la spécialité des restaurants du coin, aussi. On a rapidement fait le tour du centre-ville animé et mangé assez de fruits de mer pour toute une journée. Alors on tourne à gauche, à droite, entre les maisons sur pilotis aux couleurs autrefois vives, aujourd’hui délavées par le soleil. Au coin de ces rues multicolores, une multitude de petits autels où brûle de l'encens, où sont posés en offrande des fruits et de l'alcool. Sous les planches gonflées et blanchies par l'air salé, les ordures draguées par la marée, et les rats, et les corbeaux qui leur font concurrence.

Derrière les portes de bois laqué, des familles regardent la télé. Assis sur leur porche, immobiles, les habitants fixent des yeux les deux Occidentales.

On traverse la rivière. Les bateaux à moteur ne vont pas si loin ; les vélos se sont fait rares aussi. Il faut faire attention où l'on pose les pieds sur le chemin de planches disloquées sur pilotis. On y croise un dernier chien errant, poil jaune et ras, race indéterminée, l'air un peu miteux comme tous les chiens errants d'Asie.

Si les oiseaux tropicaux, dans la fôret d'en face, au bout du monde, font tant de vacarme, c'est parce que sinon le silence serait insupportable.

Et on arrive au bout du chemin. Un unique temple en tôle ondulée céladon (à moins qu'elle ait été un jour d'un vert plus vif et vidée de ses couleurs par le temps, comme tout le reste?) pour clore la ballade.


Après il a bien fallu faire demi-tour.

Related Posts with Thumbnails