Les tremblements de terre, c'est excitant et exotique les 2 ou 3 (ou 12) premières fois, mais quand ça secoue juste sous tes fesses ça devient immédiatement un peu moins drôle.
Ca ne dure jamais très longtemps, jamais plus d'une minute, sans doute une vingtaine de secondes seulement aujourd'hui, et pourtant on peut clairement le décomposer phase par phase.
Au tout début, c'est exactement comme les 3 autres tremblements de terre de la semaine. On sent quelques soubresauts, on entend les fenêtres mal isolées remuer dans leur cadre. On sourit et taille mentalement une encoche de plus sur la crosse du compteur des tremblements de terre, même si on a oublié depuis longtemps leur nombre exact
Et puis, comme ça dure un peu plus longtemps que d'habitude, on lève les yeux. Tout ce qui pend (cordon de la lampe de la cuisine, torchons, soutiens-gorges qui sèchent) gigote en rythme. Dehors, les câbles électriques chaloupent.
Alors brusquement, le son passe du carillon au grondement. Hébété, pas très à l'aise, on voit sauter des étagères cuillères, bocaux d'épices, bouteilles de vitamines. On commence par se féliciter d'avoir rangé la vaisselle une fois sèche, et puis, comme ça secoue toujours méchamment, on se demande ce qu'il faut faire maintenant. Sûrement continuer à regarder son film ne semble pas très adapté à la situation. La table basse danse sur ses trois pieds et s'éloigne d'une dizaine de centimètres. On aperçoit un oreiller et se le colle sur la nuque, comme on a appris en cours de préparations aux catastrophes, même si on se demande bien ce qui pourrait nous tomber sur le crâne, à part la lessive qui sèche.
Enfin, les secousses se calment. On vérifie d'un coup d'œil que rien n'est cassé. On ramasse cuillères, cumin et B12. On se rappelle, mais un peu tard, que le cours de préparation disait d'ouvrir les portes, au cas où la violence des secousses la bloquerait en déformant l'embrasure (ça tombe bien, elle est entrouverte pour faire de l'air) et de s'éloigner des fenêtres pour éviter les bris de verre (...ça tombe bien que les fenêtres ne se soient pas cassées alors.)
Dans les secondes qui suivent, les cigales crissent*, les corbeaux croassent*, les enfants jouent dans la rue, les voitures passent. De nouveau. On vérifie le site gouvernemental dédié et on se dit, ah ouais, quand même!
On se demande qui on devrait appeler en premier pour dire qu'on est vivante et on décide que, finalement, ils liront sans doute le blog avant la page internationale des journaux.
Pour info, l'échelle des tremblements de terre utilisée au Japon (ici, en anglais, ou là en français et moins précis). 5, ça commence à être costaud.
*Xetra a le droit de me reprendre dans les commentaires, je n'ai pas vérifié mon vocab... Et je pense que je parle bien peu de Français ces temps ci et que ça commence fort à se voir.
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